INTRODUCTION
La Côte d’Ivoire vit depuis les années 1980 une crise sociopolitique et économique qui déteint sur tous les secteurs d’activité du pays. L’école dans son ensemble se trouve fortement perturbée par de nombreux maux qui perturbent son fonctionnement. Dans ce travail nous nous intéresserons à LA VIOLENCE et LA CORRUPTION qui prennent des proportions inquiétantes. Ils représentent de nos jours, de véritables dangers pour notre école ivoirienne. Dans cette perspective, le Bureau National de la Jeunesse Etudiante Catholique de Côte d’Ivoire (JEC CI) voudrait à travers ce rapport, présenter les manifestations et les répercussions de ces fléaux sur les milieux scolaire et universitaire tout en faisant des suggestions au moyen de notre méthode de travail qui est le VOIR – JUGER –AGIR.
VOIR
Il s’agit dans cette partie du travail de faire un constat. Pour un souci de clarté, nous aborderons les deux notions séparément.
LA VIOLENCE
L’école ivoirienne en général et les universités en particulier, sont le théâtre de violences récurrentes qui impliquent et concernent les étudiants, individuellement ou collectivement à travers les associations. Depuis l’an 2000, ces violences ont atteint un niveau jusque là insoupçonné : des affrontements à la machette, des enlèvements et des séquestrations, des viols et même des atteintes régulières et constantes aux libertés publiques telles que les libertés d’expression, de réunion, d’opinion, d’association…( ODELMU express N°1 Editorial) Il faut ajouter à cela, les harcèlements dont sont victimes les élèves en particulier les filles par les enseignants de même que les grèves intempestives pour une amélioration des conditions salariales…
Il s’agit plus exactement, d’agression sur les étudiants, les enseignants et autres. Nous citerons à titre d’exemple, l’agression sur la personne d’un prêtre à l’université d’Abobo-Adjamé alors qu’il venait pour la célébration du chemin de croix.
NB : En milieu scolaire et universitaire ivoirien, la majorité des violences sont le fait de membres de la Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI). Il s’agit en effet d’un syndicat crée dans les années 1990 pour défendre au mieux les intérêts des élèves et étudiants. Il dispose de plusieurs sections reparties sur tout le territoire national. Ce syndicat est très actif et domine toutes les autres organisations dans les milieux scolaires et estudiantins. De ce fait, il apparaît comme le porte parole de tous les élèves et étudiants. Concernant les moyens, il faut indiquer également que l’usage de la violence semble être leur moyen de revendication privilégié défiant parfois toutes les dispositions légales et réglementaires en vigueur pour faire valoir leurs préoccupations. Il faut reconnaitre qu’à bien d’égard, certaines décisions importantes de l’administration universitaire sont soumises à l’approbation des membres de la FESCI. Ils jouissent ainsi de pouvoirs énormes et d’une certaine immunité vis-à-vis des lois de la république.
LA CORRUPTION
Se présentant comme une forme améliorée de la tricherie classique, la corruption est le nouveau fléau qui affecte tous les secteurs de la vie scolaire et estudiantine. En effet on pourrait la définir comme tout acte visant à détourner les règles établies afin d’obtenir un avantage. La corruption se présente sous différentes formes en milieux universitaire et scolaire.
• Les modifications de notes dans les facultés
• Les sélections complaisantes pour les études de troisième cycle.
• Achat de notes à l’oral des examens (BAC)
• Achat de notes pour les épreuves écrites(BAC)
A cet effet, des montants fixes sont souvent évoqués en fonction du diplôme considéré. Ainsi on a pour :
• BAC : 200000f
• BTS 300000
• BEPC 150000 etc.…
• L’imposition de fascicules et de cours de renforcement aux élèves et étudiants par les enseignants (seuls ceux qui sont inscrits sur les listes des enseignants comme ayant acheté les fascicules ou ayant acquitté les droits de participation aux cours de renforcement semblent être assurés de réussir aux évaluations et compositions)
A cela il faut ajouter l’achat de places aux concours de la fonction publiques tels que (ENA, ENS, INFS, INFAS, Gendarmerie, Police…)
NB : A ce niveau, il faut indiquer que les enseignants, le personnel de l’administration, les parents d’élèves de même que les élèves et étudiants sont responsables de cette situation.
JUGER
Il S’agit ici de faire l’analyse du problème, de porter un regard critique sur la question.
LA VIOLENCE.
Les violences en milieu scolaire trouvent leur origine dans diverses causes. Il s’agit notamment de :
• L’explosion démographique qui entraîne une forte pression sur les infrastructures scolaires et estudiantines créées au lendemain de l’indépendance,
• Le manque de perspectives réelles au terme de la formation académique qui conduit à une certaine forme de désespoir,
• L’orgueil des différents acteurs du système éducatif,
• L’absence de communication permanente entre ces acteurs,
• Mépris des autorités politiques et administratives face aux préoccupations légitimes des autres acteurs du système éducatif,
• L’absence de politique de l’éducation ou la difficile réalité sociopolitique et économique.
Toutes ces causes identifiées entraînent diverses conséquences. Ce sont entre autres :
• Des années académiques tronquées ou interminables du fait des grèves récurrentes parfois anarchiques,
• Un climat de méfiance ente les acteurs du système éducatif ivoirien,
• La perturbation des programmes scolaires et estudiantins,
• La multiplication des inégalités dans le milieu,
• Mauvaise qualité de la formation,
• La dévalorisation des diplômes ivoiriens,
• L’accroissement du taux d’échec scolaire,
• La dévalorisation de la fonction enseignante avec pour corollaire la perte de l’autorité du maître.
LA CORRUPTION
Se justifiant par :
• Le niveau de pauvreté très élevé de la population
• La recherche des solutions de facilité pour réussir
• La recherche de profits
La corruption dans les milieux scolaires et universitaires entraine :
• La Dévalorisation des diplômes,
• La Perte de la crédibilité des diplômes,
• La Perte des valeurs morales, éthiques,
• Célébration des faibles au détriment des meilleurs plus méritants.
AGIR
La JEC fidèle à sa mission traditionnelle qui es de lutter contre tous les maux des milieux scolaire et estudiantin à déjà entrepris plusieurs actions contre ces maux mais beaucoup reste à faire.
LA VIOLENCE
- Une campagne de sensibilisation autour du thème « JECISTES, BOUTONS LA VIOLENCE HORS DE L’ECOLE » avec des conférences, émissions radiotélévisées etc.…
- L’intégration des structures de lutte contre la violence telles l’Observatoire des Droits et Libertés en Milieu Universitaire (ODELMU) initié par la Ligue Ivoirienne des Droits de l’Homme (LIDHO) ; et la Plate forme des Structures de Jeunesses Confessionnelles intervenant en Milieux Scolaire et Universitaire qui regroupe en son sein l’Association des Elèves et Etudiants de l’Eglise Protestante de Côte d’Ivoire (ACEEPCI), l’Association des Elèves et Etudiants Musulmans de Côte d’Ivoire (AEEMCI), la Jeunesse Etudiante Catholique de Côte d’Ivoire (JEC-CI), la Jeunesse de l’Eglise Protestante CMA (JEP-CMA) et la Stratégie d’Evangélisation du Milieu Universitaire et Scolaire (SEMUS) qui s’est prononcée sur les maux de l’Ecole au cours d’une conférence de presse le lundi avril 2007 dernier.
CORRUPTION
- Une grande campagne contre la tricherie,
- Une campagne contre la corruption avec des conférences dans le cadre de l’Action Nationale 2006-2008 ayant pour thème « réunis pour bâtir une Ecole nouvelle Jécistes luttons contre la corruption »
SUGGESTIONS
- Multiplier les campagnes de sensibilisation pour la tolérance, l’acceptation des différences, l’entente et l’Amour,
- Prévenir les conflits en instituant des cadres d’échange permanents,
- Multiplier les actions de sensibilisations.
- Cultiver le goût de l’effort et du travail bien fait en évitant la tricherie, la paresse et la fraude sous toutes ses formes ; c’est à ce prix qu’ils seront de bons cadres pour le pays.
- La JEC demande à tous les syndicats et associations particulièrement à nos frères de la FESCI, de militer en faveur du respect du droit à la différence d’opinions et d’actions.
- La JEC souhaite une concertation régulière entre syndicats et associations d’étudiants en vue de poser d’une même voix les problèmes de l’école.
Aux Gouvernants
La JEC demande :
- La mise en application des résolutions et engagements issus des différentes concertations relatives aux problèmes de l’école. Ainsi sera rétablie la confiance mutuelle entre Gouvernement-Etudiants dans un esprit de franche collaboration ;
- L’instruction du service civique obligatoire afin d’inculquer à la jeunesse le sens de la discipline et de la rigueur. Elle souhaite par ailleurs le recrutement de nouveaux enseignants en vue de palier les problèmes liés aux nombreux départs enregistrés.
- Mettre fin aux inégalités de traitement par l’application de mesures générale à tous,
- sanctionner les coupables de mauvaises actions afin de décourager toutes les velléités semblables,
- Prendre des dispositions pour sécuriser les examens de fin d’année
- Célébrer et récompenser les meilleurs de sorte à créer une saine émulation et garantir les bons résultats dans l’école.
Aux Autorités Académiques et Administratives
- La JEC demande :
- Aux responsables des Centres Régionaux des Œuvres Universitaires (CROU) de reprendre en main la gestion des cités universitaires et veiller à l’application stricte et juste des décisions ministérielles qui, dorénavant, doivent être prises de concert avec tous les mouvements et associations d’élèves et étudiants ;
- De mettre l’accent sur l’enseignement de l’Instruction Civique et Morale dans les écoles ;
- Que les enseignants se contentent de dispenser les cours et éviter les commentaires politiques, incitant à la révolte, pour une dépolitisation véritable de l’école ;
- Que les pratiques de démocratie et de bonne gouvernance prévalent dans les politiques, les méthodes d’enseignement et les curricula afin de les inculquer très tôt aux apprenants.
Aux parents d’élèves.
La JEC demande de :
- De se soustraire aux pratiques coupables et déshonorantes,
- S’impliquer davantage dans la résolution des crises dans le milieu scolaire et estudiantin,
- Assister et conseiller les élèves et étudiants dans leurs choix,
- Critiquer et dénoncer les irrégularités dans les milieux.
CONCLUSION
Au terme de cette étude, il nous faut reconnaitre que la corruption et la violence demeurent présentes dans les milieux scolaire et estudiantin et sont sources d’énormes désagréments. Jusque là tous les efforts consentis pour enrayer ces fléaux et leurs actions. En ce qui concerne la JEC, elle garde le même engagement pour combattre sans relâche toute forme de maux détruisant son milieu. Malheureusement, son action est bien souvent freinée par des problèmes de moyens financiers ou un déficit de soutien des autorités administratives voire politiques.
Puisse le Seigneur nous aide à poursuivre sans cesse l’action d’évangélisation qu’il nous à confié pour la plus grande gloire de son nom.
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