INTRODUCTION
I. IMPORTANCE DU PROJET POUR UNE STRUCTURE : CAS DE LA JEC
A. Au plan moral
B. Au plan financier/ économique
C. Au plan socio-culturel
II. ELABORATION DU PROJET
A. Techniques de recherche des idées
1) Recherche d’idées
2) Méthodologie objective de recherche d’idées
B. MONTAGE DU PROJET
1) Identification du promoteur
2) Identification du projet
3) Dossier économique
4) Dossier financier
III. ADEQUATION FORMATION-PROJET
A. Approche définitionnel
B. Attentes
CONCLUSION
INTRODUCTION
La Jeunesse Etudiante Catholique de Côte d’Ivoire (JEC-CI) depuis sa création a mis un accent particulier sur la formation. Mais la question fondamentale qui se pose aujourd’hui est de savoir si les types de formations qu’elle propose aux jécistes donnent, ou du moins, ont produit les effets escomptés. La réponse à cette interrogation est affirmative eu égard au compétences humaines que la Jeunesse Etudiante catholique a développée et qui font sa fierté. Par ailleurs, il est toujours nécessaire dans l’intérêt des Jécistes, de renforcer les formations de base en les réorientant par la méthode participative dans une autre dimension à savoir : Adéquation Formation–Projet.
Le dernier vocable de cette trilogie à savoir « Projet » objet de notre réflexion, désigne un ensemble d’activités ou ressources nécessaires à la production d’un bien ou service dans un intervalle de temps donné en vue de la satisfaction d’un besoin connu et défini d’avance. Le projet est donc une solution à un besoin. Il désigne aussi ce que l’on cherche à entreprendre mais qu’il convient de transcrire sur support. L’élaboration de projet et sa réalisation nécessitent beaucoup d’investissements (intellectuels, techniques, moraux, économiques) et beaucoup de recherches pour cerner tous les paramètres. Le succès en dépend.
Notre travail s’articulera autour de trois points à savoir adéquation formation projet en passant par le processus d’élaboration d’un projet et de son importance pour une structure comme la JEC.
I. IMPORTANCE DU PROJET POUR UNE STRUCTURE : CAS DE LA JEC
A. Au plan moral
La conception de projet constitue un champ d’expériences d’une infinie richesse notamment du point de vue moral. En effet, dans un domaine dont dépend une certaine compétence technique en la matière et relevant de la compétence de structures spécialisées, la JEC s’effraie un chemin qui n’est pas essentiellement le sien. Mais qui présente pour elle une certaine garantie. La conception de projet a pour principal avantage non seulement de conférer à notre mouvement de la crédibilité et de la notoriété auprès des structures de financement de projet et des partenaires au développement, mais aussi de favoriser davantage le leadership de la JEC parmi les structures de jeunesse et au sein des mouvements de l’Eglise.
B. Au plan financier/ économique
Au-delà de l’aspect moral, la conception de projet représente un atout certain d’indépendance financière et économique, point commun à toutes les structures engagées dans cette voie. L’élaboration du projet doit être l’occasion pour les bureaux JEC, de nouer des contacts fructueux avec les structures de subvention, de sponsoring ou d’appuie financier et d’investissement dans tous les domaines pour l’épanouissement des élèves et étudiants.
En somme, le montage de projet a pour enjeux, l’autonomie financière et matérielle de nos instances. Il contribuera surtout à éviter que celles-ci aient toujours recours aux particuliers pour réaliser leurs différentes activités et actions.
C. Au plan socio-culturel
Inculquer la culture du projet dans les habitudes de nos mouvements constitue une innovation dans la formation. Cette innovation est révélatrice d’une certaine culture de professionnalisme dans la gestion efficace de la JEC en tant que mouvement apolitique et à but non lucratif. Cette politique sera le socle de la véritable efficacité de nos membres au cours de leur mission. Elle assurera leur épanouissement et les préparera à une vie future basée sur l’entreprenariat.
II. ELABORATION DU PROJET
L’attention accordée à tout montage de projet garantit son échec ou son succès.
C’est pour cette raison qu’un montage de projet impose une approche méthodologique de haute portée pouvant favoriser la maîtrise totale de l’affaire ; nous vous en proposons une.
A. TECHNIQUES DE RECHERCHE DES IDEES
1) Recherche d’idées
L’idée, point de départ du projet doit être soigneusement pensée et éprouvée. Car, si elle ne garantit pas le succès on peut avoir d’excellentes idées et être incapable de les réaliser. C’est l’idée qui est au cœur de la création et de la réalisation d’un projet ; chaque étape du processus, on la retrouvera. Il faudra en imaginer toutes les implications, il faudra pouvoir la défendre et prouver qu’elle est source de projets. Une idée durable qui convainc assez celui qui l’a trouvée qui lui donne envie d’aller convaincre les autres.
2) Méthodologie objective de recherche d’idées
La méthodologie objective consiste à mettre en avent, la réflexion méthodologique dans la recherche des idées.
Deux méthodes sont couramment utilisées :
2-1) l’heptamètre de Quintilien
C’est un outil de collecte et de critique d’information qui a pour objectif de constituer un questionnaire méthodique permettant une collecte exhaustive des informations pour analyser et critiquer une situation :
- Construire quoi ? Un préau, une salle d’étude, un hangar pour les
élèves ;
-Vendre quoi ? Service ou Produits ;
- Donner quoi ? Des moustiquaires imprégnés ;
- Faire quoi ? Peindre des murs d’école ou de tableau ;
-A QUI ? Clients ;
-AVEC QUI ? Les éventuels partenaires ;
-Où? Localisation ;
-Comment ? Les moyens ;
-Quand ? Date de lancement.
2-2 Le brainstorming
C’est une méthode de créativité fondée sur l’idée que si nous ne sommes pas imaginatifs, c’est parce que nous nous censurons.
Il s’agit ici de recenser les idées en faisant preuve d’imagination et de créativité. L’idée superflue n’existe pas. Il faut donc exclure toute évaluation de la recherche d’idée. Ces idées doivent être triées afin de les rendre exploitables. Mais attention à ne pas rechercher l’idée originale à tout prix, et surtout se méfier de la fausse bonne idée : une bonne idée est une idée simple parce que le passage à l’action demande de la simplicité. Une bonne idée c’est aussi une idée qui a fait ses preuves et c’est dans la réalisation qu’on peut mettre sa note personnelle. Enfin, le projet a pour objectif de permettre le travail en groupe, de faciliter la recherche d’idée visant à détecter ce qui ne va pas, découvrir les hypothèses explicatives.
B. MONTAGE DU PROJET
On distingue plusieurs types de projets qui sont entre autres : les projets économiques et les projets de développement. Les projets économiques sont essentiellement à but lucratif. Ils participent certes, au développement économique d’un pays mais permet au promoteur de tirer un maximum de profit tout cherchant à minimiser ses dépenses. Les projets de développement par contre, consistent à concevoir des activités d’intérêt public essentiellement sociales (construction d’écoles, d’hôpitaux, de préaux, dons de matelas, de matériels hygiéniques, de tables bancs…).
Monter consiste à élaborer ou rédiger sur support ses idées pertinentes en se référant au modèle standard ci-dessous.
Cas standard
1) Identification du promoteur
L’identification du promoteur est un élément important qui permet d’évaluer l’étendue de son identité, de sa capacité et de sa sociabilité ; il comporte entre autres :
Nom et Prénom
Date et lieu de naissance
Adresse et téléphone
Domicile
Situation familiale
Nombre de personnes à charge
Niveau de formation ou d’étude
Antécédents dans les affaires.
2) Identification du projet
C’est le mode opératoire. Comment le projet sera conduit de façon précise. Il s’agit de faire une description sommaire du projet :
Titre de projet
Objectifs globaux
Objectif spécifique
Résultats
Activités
Durée
Bénéficiaires
Objectifs globaux
Ce sont des avantages sociaux et /ou économiques à long terme aux quels le projet contribuera Pour formuler ces objectifs on se pose les questions suivantes :
Quelles autres actions pourraient aller avec celle qu’on a pour constituer un programme ?
Pourquoi a-t-on mis en œuvre ce programme ?
Objectif spécifique (But)
C’est l’avantage, le bénéfice durable que les bénéficiaires retireront des services du projet. La question à ce niveau pour identifier l’objectif spécifique est la suivante :
Que cherchons nous à résoudre comme problème en initiant le projet ? Ou encore à quelle nouvelle situation comptons nous aboutir à l’issue de la mise en œuvre du projet ?
Résultats
Ce sont des services ou les produits que les bénéficiaires recevront du projet. Pour identifier les résultats, il faut se demander : qu’obtiendrons nous une fois que le projet arrivera à son terme
Activités
C’est ce qui sera fait pendant le projet pour fournir les services ou produits. Pour identifier l’activité il faut se demander qu’est ce que nous devrons faire ou mener pour produire tel ou tel résultats. Le plus souvent on n’a pas d’indicateur mais on identifie les ressources (humaines, matérielles et financières) qu’il faut pour réaliser l’activité.
3) Dossier économique
Il s’agit de décrire l’environnement général dans lequel le projet va évoluer et s’imposer. L’analyse économique prend en compte quatre (4) aspects.
• Etude du marché
Cette étude permet de cibler la clientèle ou les bénéficières ou les demandeurs.
Étudier le marché revient donc à faire une étude de la demande, de l’offre d’un bien ou d’un service et de l’environnement. C’est étudier le comportement de la clientèle ou des bénéficiaires et déterminer leurs besoins en vue de les satisfaire. L’étude du marché tient nécessairement compte :
- les clients potentiels (Il est important de savoir sinon d’évaluer d’emblée pour qui le produit sera fait ou vendu. Il faut être sûr de son existence)
-Le niveau de la demande (forte, moyenne, faible)
-Le temps de recouvrement (délai de récupération des fonds de la vente effectuée)
-Les bonnes périodes d’activités pour une gestion efficace du stock
-Les points forts de l’activité (doivent être élucidés pour faciliter la vente et la gestion du produit)
-Les principaux problèmes rencontrés couramment (anticipation des problèmes)
-La concurrence (niveau de la concurrence doit être maîtrisée et appréciée pour prendre des précautions et s’imposer sur le marché)
• Moyens commerciaux
-Localisation de l’activité (accessibilité à tous).
-Détermination des prix en tenant compte de la réglementation en vigueur.
-Prévision des ventes (a quel prix le produit sera vendu ?).
Il est nécessaire de bien comprendre ce que l’on veut faire comme action (projet).
Se demander en quoi consiste l’action ?
Exemple : don de tables bancs dans un collège.
Se fixer les objectifs
Exemple : améliorer les conditions de travail des élèves.
réhausser la crédibilité de la JEC à l’école.
Définir ce qu’on veut offrir
Exemple : table bancs, etc.
Déterminer la capacité de production du projet (quantité qu’on veut offrir)
Exemple : offrir une cinquantaine de table bancs.
• Moyens humains
Catégorie des employés et leur fonction.
Recrutement du personnel par compétence.
Nombre d’employés pour mener à bien le projet.
Organisation du travail (statut, rôle…).
Rémunération des employés (fixer un salaire ou un pourcentage).
4) Dossier financier
Impossible de vous passer de financement si vous vous réaliser un projet. C’est pourquoi il est nécessaire de définir le budget du projet (coût d’investissement, frais de fonctionnement, apport personnel et financement externe) et d’identifier des sources de financement (fonds pour le démarrage du projet ou pour financer les dépenses des premiers mois en attendant les entrées d’argent: les aides, les prêts bancaires, les clubs, les concours…toutes les possibilités offertes à ceux qui n’ont pas de fonds.
Voici de façon détaillée le dossier financier :
4-1 Capital
C’est le montant nécessaire pour mener à bien l’activité. Il se repartit généralement comme suit :
-Investissement
Ce sont les biens durables, immobilisés de l’entreprise.
- Fonds de roulement
C’est le fonds de rotation de l’activité ; ce qui généralement sert à acheter la marchandise pour la vente ou les matériels pour le don.
4-2 Capital de démarrage
-Apport promoteur
Il s’agit de la contribution du promoteur dans la mise en place du capital
-Emprunt
C’est le montant objet de crédit, recueilli auprès du bailleur devant être remboursé ou non.
4-3 Charges d’exploitation prévisionnelles
Ce sont toutes les charges devant rentrer en ligne de compte dans la réalisation ; elles pourront être perçues dans le tableau schématique du compte d’exploitation prévisionnel.
4-4 Prévision des ventes
Etablir une balance indiquant les ventes projetées.
4-5 Compte d’exploitation prévisionnelle
.4-6 Bilan d’ouverture
Il s’agit d’évaluer les biens et les engagements de l’entreprise à sa création c'est-à-dire dès le début de ses activités.
4-7 Tableau d’amortissement des immobilisations
Les immobilisations subiront des dépréciations ; il faut alors préparer leur remplacement (voir annexe).
4-8 Remboursement de l’emprunt
-Condition de l’emprunt
Les conditions de l’emprunt doivent être spécifié notamment le taux d’intérêt et autres s’il en existe.
-Tableau d’amortissement d’emprunt
C’est un tableau qui précise l’échéance et la durée de remboursement de l’emprunt.
4-9 Plan de trésorerie
Il permet de résoudre des problèmes possibles de manque de liquidités et anticiper les résultats négatifs, il permet aussi de visualiser les revenus et les dépenses mensuelles.
4-10 Détermination de quelques ratios
- Délai de récupération du capital
Le délai de récupération du capital investi se définit comme le temps nécessaire pour que les nets de trésorerie générés par l’investissement rembourse la mise de fonds initial.
- Taux de rentabilité commercial
Le taux de rentabilité commercial est le quotient de la capacité d’autofinancement et du chiffre d’affaire.
-Taux de rentabilité financière
Le taux de rentabilité financière est le quotient de l’excédent net (bénéfice net) et du chiffre d’affaire.
4-11 Planning d’exécution du projet
C’est un tableau chronogramme de toutes les activités à accomplir et la période précise.
NB : Les dossiers économiques et financiers sont exigés dans le cadre de la conception de projets purement économiques. Toutefois, certains éléments sont pris en contre dans le cadre des projets de développement.
III. ADEQUATION FORMATION-PROJET
A. Approche définitionnel
Cette trilogie de mots est une nécessité pédagogique qui consiste à faire en sorte que la formation en section aboutisse à la conception d’un projet. L’adéquation formation-projet est un mode opératoire, technique qui permet de lier la formation reçue à l’élaboration du projet.
En réalité, elle consiste à réaliser, en dehors des réunions de section hebdomadaires, des formations relatives à l’exécution d’un projet au cours du même mandat et qui sera soumis à un financement des institutions ou organismes nationaux et internationaux.
Les jécistes devront par exemple en section, traiter les thèmes suivants :
Comment monter un projet ?
Comment rechercher le financement ?
Comment gérer un projet ?
Et par la suite, ils devront prendre la résolution de réaliser chaque année au moins un projet, au cours de leur mandat.
B. Attentes
L’objectif premier serait de faire de la Jec un mouvement incontournable dans le système éducatif (Objectif national 2008-2010) et surtout un mouvement épanouit financièrement et socialement (action sociale de la Jec).
Ainsi, assurer la formation des jécistes à l’élaboration et la mise en œuvre de projets est l’une des résolutions du dernier Conseil National. Elle est fondée sur le principe selon lequel aucune organisation rigoureuse et sérieuse ne peut assurer sa pérennité sans des bases financières solides.
De ce faite, Il nous faut constamment rectifier le tir, réinventer nos actions, les rendre fécondes afin de répondre aux besoins du moment. C’est une nécessité pour la JEC de se hisser au rang des structures qui sont socialement incontournable dans ce domaine et qui font preuve de professionnalisme. Et qui représentent aussi des pôles de référence dans la conception, la réalisation et la gestion de projets.
L’exhortation est donc faîte aux instances de la JEC (BN, BD, BR, BS) de faire preuve d’entreprenariat, de créativité dans la perspective d’une autonomie financière et d’une gestion efficace des ressources financières et humaines mais surtout de veiller continuellement à la notoriété du mouvement.
CONCLUSION
Concevoir un projet c’est investir du temps, de l’énergie, donner le meilleur de sa pensée. Nos aînés ont tracé les bases de la JEC par une expérience de pensée, un projet qui a pris forme et qu’ils nous ont légué. Nous avons le devoir de le préserver et le droit de le réorienter par des idées nouvelles en fonction des réalités quotidiennes de notre temps et de notre société. C’est dans cette perspective que nous avons initié cette formation sur le projet en insistant principalement sur l’adéquation formation-projet. Cette nouvelle méthode de travail permettra à la JEC, aux jécistes, de rompre définitivement avec la politique de la main tendue et de se prendre désormais en charge.
THEME : LA CULTURE DE LA SOLIDARITE,
FACTEUR DE COHESION ET D’EFFICACITE
INTRODUCTION
Un regard synoptique sur l’évolution de notre société permet de relever la perte d’un certain nombre de valeurs dont la solidarité qui a permis de bâtir des nations fortes. La Côte d’Ivoire, autrefois havre de paix qui a même confiné cette valeur dans sa devise <> et l’a inscrite fièrement dans son hymne national << pays de l’hospitalité…En forgeant unis… la patrie de la vraie fraternité…>> (1) semble avoir rompu avec sa tradition en raison des crises qui la secouent depuis deux décennies. Vu la nécessité d’un retour aux valeurs fondamentales de solidarité, la Jeunesse Etudiante Catholique de Catholique de Côte d’Ivoire (JEC-CI) se sent investie d’une mission : celle de contribuer au renforcement et à l’enracinement de la solidarité. En quoi la culture de la solidarité peut-elle être salutaire dans une Côte d’Ivoire où l’individualisme gagne du terrain? Avant d’y répondre, il apparaît nécessaire d’évoquer les raisons de l’effritement de la solidarité sans toutefois omettre d’en présenter les implications puis montrer, pour finir, les bienfaits de la solidarité en tant que facteur de cohésion et d’efficacité.
I- CONSTAT ET INCIDENCES DE L’EFFRITEMENT DE LA SOLIDARITE
La solidarité est un lien fraternel qui oblige tous les êtres humains à s’accorder une
aide mutuelle. C’est aussi<>. Ce noble sentiment de solidarité s’est affaibli en Côte d’Ivoire et ce, pour diverses raisons. L’on n’en retiendra que trois: les raisons d’ordre social, politique et religieux.
A- AU NIVEAU POLITIQUE
La colonisation apparaît à tous égards comme le premier facteur qui a fragilisé le tissu social. En effet, la création de frontières entre les Etats et le découpage en administrations territoriales a entraîné la séparation de communautés qui, autrefois, partageaient le même espace géographique et bouleversé toute l’organisation politique en place.
En outre, l’avènement du multipartisme en Côte d’Ivoire et sa mauvaise appréciation
ont fait voler en éclats les foyers autrefois paisibles et hospitaliers. Aussi, les violences souvent inutiles ont-elles régulièrement troublées l’apparente quiétude qui régnait et favorisé l’avènement d’un type nouveau d’individus en Côte d’Ivoire, adeptes de l’intolérance et de la violence gratuite.
De plus, les choix politiques souvent étrangers aux populations ont développé l’individualisme, fils du capitalisme, qui célèbre la recherche du profit au détriment de l’homme.
La crise armée qu’a connue la Côte d’Ivoire en 2002 se présente donc comme la
résultante des nombreuses déchirures et contradictions internes mais également comme la matérialisation du malaise profond qui a fissuré le tissu social.
B- AU NIVEAU SOCIAL
Les effets pervers de l’urbanisation accélérée des zones rurales ont affecté les habitudes des populations. En effet, l’urbanisation offre des infrastructures aux populations, ce qui est source de développement. Mais dans le même temps, cela occasionne de nombreux revers :
- l’éclatement des cellules familiales (l’érection de clôtures, l’assistance mutuelle difficile, l’individualisme),
- l’institution de nouvelles charges (factures d’eau, d’électricité, dépenses d’alimentation…),
- le développement de l’insécurité (vol, délinquance, viol)
- la naissance d’un sentiment de méfiance (manque d’enthousiasme pour l’hospitalité),
- Mutations profondes des cultures locales sous l’influence de la civilisation occidentale (contestation de l’autorité parentale, développement de la prostitution et de l’homosexualité, influence des média).
Depuis l’avènement du multipartisme en 1990, un sentiment de méfiance et de
suspicion gagne du terrain en Côte d’Ivoire. Dans tous les secteurs d’activité socioprofessionnelle, les gens sont sur la défensive. Ils ont peur de s’ouvrir, de communiquer avec les autres car l’autre est désormais pour lui un <<étranger>>.
C- AU NIVEAU RELIGIEUX
Devant l’érosion de la solidarité au niveau national et la fébrilité de l’Eglise àmaintenir
la flamme de la solidarité en dépit de nombreux sacrifices qu’elle consent au quotidien ; les mouvements et associations, singulièrement la JEC, n’ont pu faire mieux. Bien au contraire, ses fondements ont été sapés : absence de subventions, cavalerie solitaire dans la recherche de solutions aux problèmes de l’école, exacerbation de l’indiscipline, non respect de la hiérarchie, hospitalité laconique, etc. Tout ceci a plombé la JEC dans ses actions en faveur du rétablissement des valeurs sociales à l’école. Pis, la JEC assiste au fil des ans à l’abandon du travail en équipe et au manque d’union devant des mesures qui touchent à la bonne marche du mouvement (paiement par les bureaux diocésains de 5.000FCFA au profit des diocèses de la zone C.N.O, la réaction très timide des jécistes quant à la caisse de solidarité).
Les gestes les plus élémentaires tels que <>> sont en voie de disparition. L’hospitalité légendaire a fait place à une tiédeur sans précédent dans les relations intersubjectives. De plus, la prolifération de nouveaux lieux de culte et l’exode massif vers ces endroits témoignent de la détérioration de la vertu de solidarité dans l’Eglise.
Au regard de ce qui précède, les raisons de l’effritement de la solidarité sont nombreuses et leurs incidences constituent une menace pour la cohésion. Mais y demeurer ne serait-il pas suicidaire pour la Côte d’Ivoire?
II- LA CULTURE DE LA SOLIDARITE, OUTIL DE COHESION ET D’EFFICACITE
La solidarité en Côte d’Ivoire se présente aujourd’hui comme un idéal. Sa quête n’est pas aisée en raison de la complexité de l’homme, mais également au regard de la situation sociopolitique qui prévaut. Pourtant, son retour tant espéré s’annonce comme un gage de cohésion et d’efficacité.
A- LA SOLIDARITE, FACTEUR DE COHESION SOCIALE
La vie communautaire avant la crise économique ivoirienne des années 1980 a montré
que la solidarité, au cœur de la pensée des citoyens, conduit inexorablement à la cohésion sociale, à l’entraide, à la fraternité, à l’hospitalité et à l’union. L’on pouvait remarquer que les différends étaient rapidement résolus parce que le souci cardinal était la préservation de la cohésion sociale. Par exemple, quand une dispute éclate entre deux familles, les notables se réunissent pour trancher les différends. Ils pouvaient mettre en relief l’union sacrée des fils ou exploiter les alliances interethniques. Il y a donc au-delà du lien de fraternité, un devoir <> (2).
B- LA SOLIDARITE, BASE DE L’EFFICACITE D’UNE SOCIETE
A la notion d’efficacité, qu’il faut apprécier comme le résultat d’efforts conjugués, il
convient de rattacher les concepts de succès, de développement vrai et durable mais également de réalisation de soi. La solidarité permet d’atteindre la plupart de ses objectifs, même si trivialement le langage usuel et populaire affirme que <>, il importe de reconnaître que la solidarité s’apparente au levain qui permet de réaliser des merveilles. Par exemple, la civilisation sénoufo donne de voir un peuple soudé, uni et volontaire dans la réalisation des travaux champêtres. En pays Krou, le peuple manifeste sa solidarité lors de la construction d’une case à travers réjouissances et travail acharné.
C- LE ROLE DE LA JEC DANS LE RENFORCEMENT DE LA CULTURE DE LA SOLIDARITE
L’avenir dit-on appartient à la jeunesse. Mais les réalités actuelles montrent que c’est
la jeunesse qui bâtit elle-même son propre présent. Il appartient donc au jéciste de :
- Prendre conscience du mouvement auquel il appartient et y jouer son rôle ; Car selon Renouvier, au sein d’une association <<> (3). C’est dire que l’association demeure un cadre d’expression et de matérialisation de la culture de la solidarité. Il y a donc lieu de s’y investir sans réserve C’est pourquoi le travail en équipe doit être exécuté avec un minimum de responsabilité en vue d’offrir au groupe le meilleur de soi-même.
- Offrir l’hospitalité vraie ;
L’hospitalité est une recommandation biblique : <> (1 Pierre 4, 9). Ce qui suppose un accueil enthousiaste des personnes qui nous visitent et qui implique de fait, respect, considération mais surtout création d’une atmosphère familiale à laquelle <> souscrit. Malheureusement, de moins en moins, cela se constate dans les sections. Il conviendra de ce fait, entre autres, de bien accueillir les nouveaux jécistes, de les visiter, de les entourer de notre affection et de les impliquer dans la marche du mouvement.
- Préserver les rapports interhumains ;
Il s’agit de privilégier et de ne mettre au cœur des relations que l’homme. Quel que soit son statut, son rang social, son apparence, il ne faut jamais perdre de vue que c’est un autre Dieu car <>. Préserver de bons rapports est donc indispensable à la prospérité de la solidarité. Les aînés au niveau académique ont le devoir d’encadrer et d’assister les plus jeunes.
- Etre apôtre de la solidarité ;
<< Vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde>> (Mathieu 5, 13-14). En tant qu’élève ou étudiant chrétien, il appartient au jéciste de semer autour de lui la graine de la solidarité et de l’amour. C’est pourquoi, il doit intégrer les mutuelles de développement et agir comme <> (Luc 10, 25) en portant secours et assistance aux personnes en détresse.
CONCLUSION
Le tissu social en Côte d’Ivoire est mal en point et les liens de solidarité sont
fortement éprouvés. Bien que sa restauration reste une œuvre quotidienne, il appartient à tous, à quelque niveau de responsabilité qu’il se trouve d’y travailler. C’est un vœu caressé par le peuple ivoirien qui l’a même exprimé dans sa constitution d’Août 2000 en son préambule, alinéa 2, <>. La JEC de Côte d’Ivoire, consciente de cet appel, a pris son bâton de pèlerin pour contribuer au rétablissement de la culture de la solidarité, seul gage du progrès économique et social de toute nation. Vivement que toutes les entreprises de renforcement de la solidarité soient marquées de sincérité afin que définitivement cette page noire de l’histoire de la Côte d’Ivoire ne soit plus qu’un souvenir lointain.
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